Les Agricultures Urbaines, nouveaux modèles inspirants pour les villes comme pour les campagnes

L’agriculture urbaine suscite de nouvelles vocations depuis plusieurs années. D’une part, les urbains déconnectés de la nature, de l’agriculture et de l’origine de leur alimentation trouvent un nouveau sens dans les activités agricoles urbaines. D’autre part, des acteurs agricoles innovent dans des modèles qui peuvent se construire hors du cadre et du statut agricole traditionnel.

Après 10 ans de conseil, recherche scientifique et montage de projets agricoles urbains ou péri-urbains, je vous partage sur ce blog les actualités, tendances et données essentielles pour monter, faire évoluer ou évaluer un projet agri-urbain.

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La définition de l’agriculture urbaine

On s’intéresse ici à une définition de l’agriculture urbaine qui inclut le péri-urbain.

Nous nous basons sur la définition de l’agriculture urbaine de Mougeot (2000), définition de référence pour nombre d’acteurs et de chercheurs. Selon lui, l’agriculture urbaine est une activité localisée dans une ville ou une metropôle (intra-urbaine) ou à sa périphérie (péri-urbaine), qui cultive ou élève, transforme et distribue une diversité de produits alimentaires et non alimentaires, (ré-)utilisant amplement des ressources humaines et matérielles, des produits et des services trouvés dans et autour de l’aire urbaine, et en retour fournissant des ressources humaines et matérielles, des produits et services à l’aire urbaine. Cette définition a l’avantage de se focaliser sur les fonctions, les usages, plus que sur la localisation. En effet, des fermes intra-urbaines et péri-urbaines peuvent avoir des systèmes de production similaires. L’agriculture péri-urbaine, si elle entretient des liens fonctionnels et réciproques avec la ville, entre donc dans cette définition et participe à la formation du territoire urbain. L’agriculture urbaine prend donc des formes variées selon la nature de ses liens avec la ville et les publics ciblés.

L’agriculture s’éloigne des villes et se transforme…

Les productions de fruits et légumes frais étaient traditionnellement (et sont encore parfois) implantées à proximité immédiate des centres urbains. Selon von Thünen, le producteur cherche à maximiser le profit qu’il peut tirer de sa terre et ajuste l’intensité de son travail et le type de production selon sa distance à la ville. Les productions se spécialiseraient ainsi en cercles concentriques. Les produits très périssables et pondéreux proches de la ville (fruits, légumes et lait), puis la forêt pour production de bois de chauffage, puis les cultures céréalières et l’élevage allaitant.

Agricultures urbaines Von Thunen
Le modèle concentrique de la ville et de ses environs productifs selon Von Thunen



Le développement des transports et de la réfrigération au XIXème siècle contredit cette théorie et les maraîchers et horticulteurs péri-urbains ne sont plus indispensables à une ville qui s’approvisionne de plus en plus loin. Pour survivre face à l’urbanisation, ils développement des nouveaux systèmes de production de cultures commerciales à destination de la ville.

Une diversité d’agricultures urbaines, basée sur une diversité de services

Les fermes urbaines se caractérisent par une forte intensité en travail et en capital sur de faibles surfaces pour obtenir des produits à forte valeur. En effet, le foncier est une ressource rare et chère en contexte urbain, tant les usages y sont concurrents. La spéculation immobilière fait pression sur les exploitations, dans les pays développés comme dans les pays en développement. Ciblant une demande urbaine rémunératrice, les producteurs investissent pour s’affranchir des aléas naturels : utilisation d’abris, engrais urbains ou forçage des cultures.

Mais rares sont ceux qui vivent seulement de la production en milieu urbain, même s’ils sont excellents techniquement et malgré des prix plus élevés grâce à l’argument de la production locale. Les fermes urbaines, de petites surfaces et avec de fortes contraintes, sont difficilement compétitives avec les fermes spécialisées qui produisent sur plusieurs hectares. De nombreuses entreprises et start-ups de l’agriculture urbaine en ont fait la douloureuse expérience.

Dans la plupart des cas, la rentabilité vient moins de la production que des services associés. Ces services s’appuient et sont légitimés par la production agricole, et créent un lien fort entre les usagers (les clients) et la ferme. Par exemple :

  • Production de produits pour un chef étoilé, afin de renforcer son image,
  • Transformation de produits locaux
  • Logistique et commercialisation de produits péri-urbains
  • Pédagogie, éducation à l’environnement, à l’agriculture
  • Accueil évènementiel
  • Création de paysages comestibles, verdissement de bâtiments ou de quartier,
  • Entretien et animation de paysages comestibles,
  • etc.

La production comme support aux services

Quand on parle d’agriculture urbaine, on s’attend à trouver de la production. Tout l’enjeu est de trouver une vraie cohérence entre la production agricole et les services associées, tant dans l’exploitation au quotidien que dans la communication auprès des clients. Les projets iconiques de l’agriculture urbaine le montrent bien : les Fermes Lufa sont une entreprise logistique qui tire sa légitimité de ses serres en toiture, Brooklyn Grange accueille des évènements dans son contexte agricole, la Ferme du Bec Hellouin développe formations et programmes scientifiques sur son terrain en permaculture. La production est souvent une condition nécessaire mais non suffisante aux projets agri-urbains.



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