Vacant lots to vibrant plots : bénéfices et limites de l’agriculture urbaine
Si un sujet incarne les nouvelles attentes et utopies urbaines ces dernières années, c’est bien l’agriculture urbaine.
Sujet transdisciplinaire mélant santé publique, géographie, sociologie, urbanisme, psychologie, économie, agronomie, le concept d’agriculture urbaine questionne la fabrique de la ville mais véhicule aussi beaucoup de faux espoirs.
En 2016, la plupart de la littérature scientifique sur l’agriculture urbaine concerne les jardins partagés et familiaux, forme encore dominante en volumes comme en surface exploitées jusqu’au coeur des villes.
Les auteurs du John Hopkins Center for a Livable Future présentent une synthèse des bénéfices et des limites de l’agriculture urbaine dans l’article Vacant lots to vibrant plots, a review of the benefits and limitations of urban agriculture. => Une check-list encore très utile pour démarrer et évaluer les projets d’agriculture urbaine.
Impacts socio-culturels de l’agriculture urbaine
Les bénéfices relevés dans l’article :
- Cohésion de groupe :
- intensifier les interactions sociales,
- améliorer la qualité de vie locale,
- créer des lieux de rassemblement de qualité dans les zones avec peu d’espaces verts,
- créer un sentiment de plus de sécurité et de moins de délinquance,
- créer une fierté d’appartenance au lieu
- Intégration culturelle
- mixer les populations participant aux projets d’agriculture urbaine,
- intégrer des publics immigrés,
- Exprimer et maintenir les différents héritages culturels.
- Éducation :
- apprendre l’alimentation, les aliments, l’agriculture,
- donner un sens à l’apprentissage, un espoir à la jeunesse.
Bien sûr, ce n’est pas aussi idyllique et les auteurs mettent bien en avant les inégalités sociales qui peuvent perdurer.
Impacts environnementaux
Les principaux services rendus par l’agriculture urbaine :
- Services écosystémiques locaux :
- Accroître la biodiversité,
- Diversifier les habitats pour la biodiversité,
- Filtrer la pollution de l’air par la végétation,
- Réguler le climat, créer un micro climat,
- Stocker/drainer les eaux de pluies,
- Valorisation les biodéchets.
- Limiter les impacts du changement climatique :
- Réduire les émissions de Gaz à Effet de serre grâce à la production/consommation locale,
- maintenir des savoir-faire agricoles et alimentaires et des espaces productifs en ville pour une plus grande résilience.
Impacts de l’agriculture urbaine en santé et sécurité alimentaire
- Accès à l’alimentation :
- Améliorer l’accès à des produits frais pour les producteurs et la communauté,
- Economies dans les achats de denrées alimentaires, si accès à des surfaces cultivables de proximité.
- Meilleure consommation de fruits et légumes,
- y compris chez les plus jeunes quand des programmes alimentaires sont proposés.
- Santé et bien être :
- Meilleure activité physique
- Meilleure santé mentale
- moins de stress par la connexion à la nature,
- Filtration de l’air, meilleure environnement de vie.
Impacts économiques de l’agriculture urbaine
- Emploi :
- développement d’emploi et de formations/compétences,
- inclusion pour les populations éloignées du monde du travail (même si on reste sur des rémunérations faibles).
- Augmentation de la valeur de la propriété,
- notamment autour des jardins partagés dans les quartiers défavorisés,
- mais risque de gentrification / isolement
- Développement d’AU entrepreneuriale qui attire des capitaux, même si peu de sécurité foncière et des modèles économiques précaires.
Mais des champs restent encore trop peux explorés pour évaluer les impacts de l’Agriculture Urbaine
Les impacts directs de l’agriculture urbaine sont souvent difficile à évaluer car liés à de nombreux paramètres, qui dépassent les projets agri-urbains.
Des champs encore mal explorés dans la recherche :
- Aspects sociaux :
- Quelle correlation entre les modèles d’Agriculture Urbaine et l’impact réel sur les communautés ?
- Quelle influence réelle sur l’évolution des régimes alimentaires ?
- Aspects environnementaux :
- Quelle comparaison de l’impact environnemental des différents types d’AU (toit, sol, jardins partagés, …) ?
- Quelle évaluation du potentiel de séquestration de carbone, d’amélioration de la qualité de l’air, de la captation des eaux de fortes pluies à l’échelle de la ville dans les projets d’agriculture urbaine ? Comment le mesurer dans les faits ?
- Quelle évaluation long terme de l’impact environnemental des technologies de l’AU ? Notamment les fermes verticales avec éclairage artificiel.
- Aspects santé et sécurité alimentaire :
- Quelles solutions de remédiation aux pollutions urbaines ?
- Quels enjeux sanitaires de l’élevage urbain (concentration de polluants dans la viande?)
- Aspects économiques :
- Quelles nouvelles mesures globales/holistiques des bénéfices de l’AU, pour les projets profitables ?
- Comment caractériser l’emploi directement et indirectement lié à l’agriculture urbaine ?
- Quelle évolution des quartiers lorsqu’il y a un projet d’AU (loyers, occupation, types de populations, …) ?
Que fait-on de tout ça ?
La liste des paramètres et des méthodes d’évaluation présentée par les auteurs est utile pour définir les principales orientations de vos projets d’Agriculture urbaine et les impacts que vous souhaitez avoir sur le territoire.
Elle permet de prioriser des indicateurs sociaux, environnementaux, économiques ou santé en amont de votre projet, en se basant sur des exemples concrets dans différents contextes.
Lien vers l’article : Vacant lots to vibrant plots, a review of the benefits and limitations of urban agriculture